DANS L'OMBRE & SOUS LES CARESSES ...
Il était là, chaque matin.
Pendant plusieurs semaines, je n'ai pas fait attention, pourtant, il me disait bonjour, cinq jours sur sept. Et puis, à force
de sourires et de regards, il a fini par me faire réaliser sa présence. Dommage que je n'aie pas compris plus tôt...
Il était là, chaque
matin. Quand je sortais de chez moi, premier homme à me souhaiter une bonne journée, avec un grand sourire. Parfois il se précipitait pour m'ouvrir le portail, ayant
fini par repérer à quelle heure exactement je descendais sur le parking de ma résidence.
Il était sous le charme, et ça se voyait ; c'était touchant, flatteur. Il me regardait passer, avec des yeux brillants, et il arrêtait ce qu'il était en train de faire, préférant ces
instants fugaces au travail qu'il était censé accomplir. Mignon tout plein, comme un gamin, et moi je me donnais un peu l'impression de redevenir une jeune fille. Ma fille avait elle
aussi remarqué ce petit manège, et ça l'amusait. "Ben oui, maman, tu es jolie, c'est pour ça !" me disait-elle...
Il était mon sourire du matin, et j'aimais ça. Quotidiennement, mon premier échange avec un être masculin. Le premier geste gentil. Ça me changeait de mon homme, qui a toujours eu le
lever ronchon : à peine un "bonjour" (voire un "salut" - très amoureux) grommelé, pas un regard, et un petit déjeuner sans dialogue, renfermé qu'il est, toujours dans
ses pensées. Au début, j'avais tenté d'égayer nos réveils, par des mots gentils, des câlins, puis j'avais laissé tomber, me trouvant face à un mur avec l'esprit ailleurs.
Un jour, mon "sourire du matin" est venu me conseiller et m'aider, car j'avais un problème de voiture, sur lequel mon homme n'imaginait pas se pencher. Il semblait heureux de le faire,
juste pour être en ma compagnie quelques minutes. Ce jour-là, grâce à son collègue, qui semblait franchement amusé de la situation, j'ai appris son prénom.
Gabriel, comme l'ange...
Il me mangeait du regard, et il me troublait, j'avoue. Il m'a effleuré le bras, constatant avec le sourire (toujours) que j'avais des chats, à cause de mes vêtements parsemés de poils
félins. Notre seul contact. Si je n'avais pas été en manque flagrant de tendresse, je suppose que ça ne m'aurait rien fait ? Je savais qu'il ne tenterait rien ; lui savait que j'étais en
couple.
Puis, sa mission terminée dans ma résidence, il est parti. Je ne le reverrai sûrement jamais ; il a disparu. Il n'est pas très loin, certainement, dans cette grande ville, mais je n'aurai
plus jamais son sourire le matin, ni son chaleureux "bonjour" charmé, ni quelques mots échangés.
Et ça me manque.
L'autre nuit, je me sentais particulièrement
seule.
Et j'ai rêvé de lui. Le temps de
me réconforter, il est sorti de mes souvenirs, où il était resté caché plusieurs mois. À mon réveil, je me suis demandée : actuellement, si je le revoyais ? J'aurais envie
de lui demander qu'il me prenne dans ses bras. C'est tout. Rien de plus. Rien de sexuel. Juste son sourire et sa gentillesse. Quelque chose de masculin, de viril, mais qui ressemblerait à
de la protection, pour me rassurer. Pour me dire qu'on peut m'aimer...
J'aimerais pouvoir lui dire merci pour ces petits bonheurs.
J'aimerais un homme qui soit heureux de me voir le matin.
J'aurais peut-être dû mettre ces bas, pour faire passer le
message... ? ;)
Merci ! :)
Je vais tâcher de les dénicher, alors...
Bien sûr qu'un regard, un bonjour, un doigt qui effleure un bras une main et puis un prénom qui se fige profondément, au creux de l'être, de l'âme, de l'intime, toutes ces petites choses sont déjà l'élaboration d'une aventure, un souvenir mais aussi une épine avec la rose avec disait M. Ferré, l'épine semblable déjà à un regret, la rose c'est le rouge aux joues que l'on sent présent au fil des mots, des lignes, du conte, de la comptine, du souvenir plein d'émotions, de douce nostalgie...
Deux bras une épaule un réconfort ? Pas sexuel dites-vous, peut être juste fraternel, juste un partage... et pourquoi juste cela ?
Pour mon compte, mes plus belles histoires, mes plus beaux souvenirs, mes plus belles pages d'écriture ont été les reflets d'aventures qui ne se sont pas faites, qui sont restées en suspend, tellement fortes, pleines d'émotions que seuls l'encre et le papier ont pu rendre compte, ainsi que vous le faite dans ce petit papier, cette jolie page.
Merci pour vos mots doux du matin, ils ressemblent à cette caresse, ce bonjour que vous envoyait Gabriel, votre bel archange... et si d'aventure vous le croisez, glissé lui votre papier au creux de la main, les plus belles aventures restent quand même celles que l'on vit, que l'on réalise.
Un jour j'ai osé dire à une jolie femme les mots que j'aurais pu écrire le soir ou une nuit sur le clavier de mon ordi. Depuis, je n'écris plus, je vis avec elle et mes nuits sont à son côté, mes mains se réchauffent à la chaleur de son corps, de son être, de son âme.
Au matin, les premiers regards échangés sont mes lèvres sur son corps, mon premier bonjour, ce sont mes doigts qui la cherchent et peu à peu l'éveillent, la sortent de ses brumes, lui donnent sont premier orgasme, sa première jouissance...
Je n'écris plus ai-je dit, elle est ma feuille de vélin, mon parchemin, elle enlumine mes jours mes nuits. Elle était mon plus beau fantasme, puisse votre Gabriel devenir vos plus beau rêve enfin réalisé.
"pourquoi juste cela ?" : parce que c'est déjà beaucoup. Parce que ces temps-ci, mes désirs sont éteints. Parce que le sexuel, on peut le trouver partout. Être désirée, c'est presque "facile". Coucher avec une fille, sans conséquences ni engagement, ne plus la revoir, ou bien finir par ne plus la voir vraiment...
Alors qu'un geste tendre, protecteur, une écoute, de la compréhension, finalement, c'est beaucoup plus compliqué.
Gabriel restera un rêve, un souvenir qui réchauffe le coeur. Je n'irai pas plus loin. Ce qu'il m'a donné, il ne le sait pas, c'est vrai, mais c'était important, c'était beaucoup.
"Un jour j'ai osé dire à une jolie femme les mots que j'aurais pu écrire le soir ou une nuit sur le clavier de mon ordi. Depuis, je n'écris plus, je vis avec elle et mes nuits sont à son côté, mes mains se réchauffent à la chaleur de son corps, de son être, de son âme" : c'est beau, et ça fait rêver...
C'est bien, d'oser, aussi. :)
La frustration est restée moindre...
Mais j'aurais aimé, même sans aller plus loin, qu'il reste encore, j'aurais aimé continuer ces "bonjours" souriants.
Votre récit-souvenir, oh combien tendre, me fait penser à ces amours d'enfants où il suffisait de se prendre la main pour se sentir aussi fort qu'un romain.
Une grande sensualité, que nous ne savions pas nommer alors, se dégageait de ces sentiments juvéniles et tendres.
J'aime beaucoup ce souvenir et la façon pudique et douce dont vous l'avez évoqué.
Merci,
Jeff
La sensualité fait tout... :)
Se donner la main, c'est anodin, mais c'est aussi beaucoup. Il peut passer beaucoup de choses.
Mon homme ne me donne plus la main... tout est dit. :-/
Vous Doutez que l'on puisse vous aimer? non, vous n'avez pas rencontré la bonne personne c'est tout.
Votre fille, dans sa sensibilité ne peut qu'avoir raison.
Il a terminé sa mission, je pense qu'il vous serait facile de le retrouver en vous adressant à votre bailleur, il vous faut juste trouver une excuse valable, ça vous donnera quelques battements de coeur
Si vous parlez de la photo du billet, ce n'est pas moi ! ;)
(Je suis plutôt petite, donc les jambes vertigineuses, ce n'est pas moi...)
Les battements de coeur, c'est vrai, ils seraient là.
Ensuite ? C'est aller aux devants de complications. Alors, peut-être vaut-il mieux juste garder ces souvenirs, un peu "puérils", cette séduction un peu enfantine...
C'est vrai qu'on a oublié les bases, la simplicité. Même effleurer, toucher, prendre la main, câlliner, embrasser peuvent procurer des sensations puissantes et faire battre le coeur très fort. En tout cas c'est ainsi que je le ressens.
Les bases, la simplicité, j'ai l'impression qu'on finit toujours par les oublier. Et c'est triste. Moi j'aime toujours ces "petits bonheurs" simples et faciles à réaliser, pour peu qu'on y pense.
Suis-je une personne à aimer ? Vu mes expériences passées ou présentes, mon divorce, j'en doute, forcément.
Je ne crois plus à l'amour tous les jours...
J'ai moi aussi un jour joué les détectives pour retrouver un homme...et j'ai eu raison car nous nous voyons toujours.
Tournez la page précédente et allez de l'avant! Car vous pouvez dire comme dans le poème de Louis Bouilhet:
"Et comme un air qui sonne au bois creux des guitares
J'ai fait chanter mon rêve au vide de ton coeur."
Je l'aurais peut-être fait, si j'avais été seule et sûre que lui l'était aussi... ;)
Pas plus de chances de joindre son collègue.
joli, le poème de Louis Bouilhet.
Ce n'est pas parce que vous êtes en instance de séparation ou que vous avez vécu certaines mauvaises expériences que vous n'êtes pas une personne à aimer ou capable d'aimer. Tout le monde passe par là. Il ne faut pas désespérer sur l'amour pour autant. L'humain est ainsi, tout aussi cruel que capable du meilleur.
J'ai une fille, qui a encore son âme d'enfant. Elle me rappelle souvent, à sa manière, qu'il ne faut pas oublier la simplicité, les petits bonheurs. Et je m'y rattache, à ces détails...
Accumuler les échecs amoureux, après de longues histoires, un mariage, des "vies de couple", a tendance à refroidir, quand même !
Capable d'aimer un autre homme ? Peut-être. Mais pour le moment, je suis fermée à cette idée...
Bises la belle
J'essaie ! :)
... Même si les jours tristes, j'aimerais retrouver un homme souriant le matin.
Cela me fait penser au poême d'Antoine Pol chanté par Brassens les passantes:
www.youtube.com/watch?v=wCqTuP1JdFo
Un brin d'amertume... certainement, oui.
De la nostalgie, aussi, peut-être ? Et un peu de tristesse. Même s'il est doux de se souvenir...