DANS L'OMBRE & SOUS LES CARESSES ...
« J'aimerais faire un break. »
Sommes-nous tous et toutes, un jour, confrontés à cette petite phrase, qui ne laisse guère de choix dans la réponse ? Un peu
comme une étape nécessaire à la vie, un rituel pour mûrir ?
Je n'y ai eu droit qu'une fois. Tardivement, en plus, dans ma vie amoureuse. Il n'était pas besoin des mots, au fond, étant donné que ce jeune compagnon avait par lâcheté, adopté le
silence des jours durant, sans me donner de nouvelles, pour "me dire". Paradoxal, comme procédé.
Et étrangement, ça m'a fait sourire. Ça a réveillé une pointe d'ironie, de dérision face à ce "cliché". Quelle nécessité de jouer une telle scène ? Oui, ça m'a amusée, malgré la situation et l'ambiance colérique. Je n'ai rien répondu ; tel était son désir, après tout... le mutisme.
Je trouve cette petite phrase lâche. Ne pas oser prononcer les vrais mots, se laisser le droit à "reprendre" (et rejeter), voire se donner l'occasion de découvrir si l'herbe est plus verte ailleurs, pour dire la vérité. (Se) jouer de l'autre, le laisser dans l'attente, le tester, étudier ses réactions, peut-être provoquer pour jouer à "suis-moi, je te fuis"...
C'est une façon de s'envoler, de partir, peut-être plus douce, je ne sais pas... plus facile pour celui qui prend l'initiative, vaguement moins cruelle à ses yeux (mais l'espoir entretenu n'est-il pas finalement plus inhumain qu'une rupture sincère et franche ?)
Un break mène-t-il à de belles retrouvailles, parfois ? Moi, je n'y crois pas. À partir du moment où c'est "cassé", comme il
est si justement dit, il est difficile de recoller les morceaux. On en a perdu en route. Il restera des fissures, parfois invisibles à l'oeil nu, mais...
Je n'ai jamais cru aux arguments "j'ai réalisé que", "tu me manques trop, reviens, je t'aime", etc. Plus rien ne sera comme avant. Tout a changé : les émotions, les
caractères, les craintes, la confiance effacée.
* * *
Je ressens maintenant comme une sorte de tendresse, mêlée à de l'amusement, face à quelques phrases, clichés du couple qui se
défait.
« Il faut qu'on parle. »
La phrase qui veut tout dire. À traduire plus précisément par « il faut que JE parle ». Attention, je précise : le dialogue (vrai) est la clé de tout, mais c'est la
formulation qui prête à sourire. Et bien souvent, au final, il ne s'agit pas d'échange, mais de monologue-qui-fait-mal...
« On reste amis ? »
Un être masculin adorablement délicieux m'a dit ça, un jour. Juste après qu'on ait fait l'amour sur son canapé, fougueux et je croyais, nouvellement amoureux. Impliquant donc qu'on
passait au stade "juste amis". Etais-je donc un si mauvais coup ? Ou au contraire, a-t-il voulu en profiter une dernière fois, incapable de résister ?
« J'ai besoin d'être seul, de me retrouver. »
Un autre être masculin, délicieusement adorable quant à lui, a pensé apparemment qu'il était plus facile pour sa tranquilité délicat de
ne pas avouer qu'en fait, il avait rencontré quelqu'un. Malheureusement, je l'ai sû, très vite.
J'ai étrangement toujours eu beaucoup plus de respect et d'estime pour celui qui m'a dit « je suis désolé, je ne tombe pas amoureux de toi ». Ça a fait un mal de chien, mais on
n'y pouvait rien...
Je ne lui ai pas demandé "d'expliciter ce qu'était l'amour pour lui". L'essentiel à ce moment-là, c'est que ce qu'il ressentait (ou pas) ne correspondait pas à SA vision de l'amour. Je me devais de le respecter, même si moi, j'avais une autre façon de voir les choses (et j'étais salement amoureuse).
L'amour est une plante qui se cultive, c'est bien vrai, mais à partir du moment où on sait qu'on aime ! Quand on est au début d'une relation, et qu'on sent que quelque chose manque, ne marche
pas, d'entrée de jeu, alors oui, je préfère la franchise.
J'ai moi-même essayé de continuer une relation, quand j'étais jeune, alors que dès le début, je sentais que quelque chose n'allait pas. Résultat, ça n'a jamais été beau.
On ne peut pas cultiver sur un champ infertile.
Non ! Non ! Détrompe-toi !
Je ne suis qu'une chieuse qui ne gagne pas à être connue. Mais si, c'est pour ton bien que je te dis ça. ;)
(Ceci dit, pour une fois, voilà un "il faut qu'on parle" positif !)
Le mec qui fait pourrir la sitaution pour que toi tu prennes les devants et finisse par mettre fin à la relation parce que la distance qu'il t'impose t'es insupportable .
Alors tu pétes les plombs, et au final , il obtient ce qu'il voulait sans avoir eu à formuler quoi que ce soit .
Je trouve ça pitoyable .
Le silence tue tout, de toutes façons. J'en ai subi les conséquences plusieurs fois.
L'homme qui ne s'investit plus, qui ignore, qui laisse filer... il n'aura rien formulé, et il pourra accuser l'autre de la rupture. :(
Le respect et l'honnêteté permettent d'avancer. Pas d'oublier, c'est certain, mais au moins de savoir, de ne pas chercher vainement, en sombrant dans les doutes...
Pour une fois, je ne suis pas en accord avec ce que vous interprétez.
"Il faut qu'on parle" peut se révéler très positif, plein de révélations, d'éclaircissements. J'ai personnellement vécu ce type de situation et l'échange partagé (oui, c'est un euphémisme !) nous a permis de comprendre beaucoup mieux l'autre et de recoller les morceaux.
Et là aussi, les morceaux recollés donnent parfois un tout plus solide car ces blessures sont des rappels et on ne veux plus souffrir, alors je crois à ce rabibochage, et là encore par expérience vécue.
Enfin, oui, on découvre parfois, trop tard hélas, combien l'on aimait beaucoup plus que l'on croyait ce que l'on vient de perdre, et plus les jours passent et plus notre amour grandit en même temps que notre stupéfaction ; on se découvre prêt à tout, même l'innommable, pour reconquérir l'être aimé. Là encore, je parle d'un vécu encore brûlant en moi.
Mais la vertu de la parole vraie reste pour moi le plus sûr gage de durabilité.
Jeff
Bon, on s'est mal compris ! ;)
Je file ajouter une précision à mon article, après ma réponse.
C'est la formulation, qui prête à sourire, je trouve. Elle me fait penser à "ouh, ça sent le roussi, je vais en prendre pour mon grade !"
Bien sûr que le vrai dialogue peut s'avérer positif ! Mon propos ne jugeait pas de ça. Le dialogue est la clé de tout, pour peu que les efforts suivent, après.
Malheureusement pour moi, malgré les dialogues, même ceux relativement posés, sans colère excessive, n'ont pas forcément amené de relation plus solide, plus forte, après. C'est dommage. Des efforts faits, temporairement, puis... la routine qui revient. Et il faudrait redire les choses, encore les mêmes... toujours les mêmes.Mais au fil du temps, à répéter, on devient aigri(e), parfois en colère... ou découragée.
"ces blessures sont des rappels et on ne veut plus souffrir" : c'est bien, de s'en souvenir, d'utiliser ça positivement. Mais il y a aussi l'homme qui trouve plus facile de s'éloigner, d'oublier, de nier...
Rares sont les hommes prêts à tout SINCEREMENT pour reconquérir l'être aimé(e). Ils ont leur fierté, ou sont fatalistes, je ne sais pas... j'ai subi ça plusieurs fois.
Mieux vaut sourire de ces petites phrases... ;)
Au fil du temps, on apprend.
Par contre, concernant le "on reste amis",l'amoureux de mes 20 ans étant depuis mon meilleur ami... je m'abstiendrai de commentaires :-)
Le "on reste amis ?" est venu de but en blanc, juste après le raport sexuel, hein ! :D Impliquant donc... une rupture (inattendue, pour ma part). Un peu le choc.
Je suis aussi longtemps restée amie avec l'amour de mes 20 ans... ;)
Ah, oui, le "tu ramènes tout à toi"... voilà, il y a de ça. Et si chacun reste sur son ressenti sans écouter l'autre, ce n'est plus du dialogue. Malheureusement, c'est ce qui arrive, souvent.
Il est quand même dommage d'en "rester là" ;) alors qu'on pourrait, avec un peu de bonne volonté, découvrir des trésors... mais pour ça, il faut aussi avoir envie de s'attarder, avoir la patience, chercher encore... voir les choses positivement.
De jolis mots, intelligents et sincères...
J'ai fait une belle découverte ce soir.
Merci beaucoup, et contente que la découverte ait été agréable. :)
Revenez quand vous voulez...
Alors, je le dirais autrement : "Il faut que vous me parliez" ! Et plus si affinités ! ;)
J'ai toujours eu du mal à "parler", mais j'essaie encore... et toujours. Je ne sais pas si je réussis, en fin de compte, il faut croire que non.
J'écris. C'est une façon de parler plus réfléchie, plus posée.
Les gens sont plus ou moins dignes, plus ou moins maîtres d'eux-même, plus ou moins soucieux de ne pas blesser... mais au fond je crois qu'une séparation est toujours difficile, une partie de ce que l'on a vécu s'en va... et même si c'est pour vivre des jours que l'on espère meilleurs, les instants que l'on a vécu ensembles on ne les revivra jamais!
Quand à "ne pas tomber amoureux", ça me fait doucement rigoler, car il faudrait que la personne prenne la peine d'expliciter ce qu'est pour lui l'amour! On peut dire: "j'ai l'impression que tu n'es pas la moitié qui m'a été arrachée", oui, mais combien vont la trouver?
L'amour est une plante qui se cultive, chacun sème les graines qui lui semblent les plus belles, mais tout le monde n'a pas la main verte!