DANS L'OMBRE & SOUS LES CARESSES ...


torse1aParfois, nous faisons des rêves qui restent avec nous toute la journée. Des rêves dont l'ambiance nous marque, nous fait du bien, car nous avons l'impression d'être encore un peu dedans, que c'est là, tout proche, à nous accompagner pendant des heures... Vous voyez ce que je veux dire ?

J'ai fait un tel rêve, la nuit dernière. Je me suis réveillée à moitié, flottant doucement, blottie dans du coton... et je suis restée longtemps sous la couette sans bouger, à profiter, en fermant les yeux. À me repasser dix fois ces images fugaces et pourtant si précises qui marquent la mémoire et les émotions. Qui restent au fond du coeur, qui nous tiennent chaud.

J'ai rêvé de lui.

Lui, c'est un ex, dont j'étais tombée éperdument amoureuse, il y a maintenant quinze ans. Quinze ans, oui. Mais nos chemins se sont plusieurs fois recroisés, depuis, de manière très troublante.

Notre histoire n'avait pas duré longtemps, mais elle avait été très intense. Faite d'été, de soleil, d'insouciance et d'océan. Faite de sorties, de soirées sur la plage, de nuits à la fois tendres et torrides ; il était très câlin et je découvrais avec lui pour la première fois un réel épanouissement sexuel. Pourtant, il n'était pas expérimenté, j'étais sa deuxième petite amie (comme quoi, la qualité ne vient pas forcément avec la quantité) mais le courant passait.
Je me souviendrai toujours de son visage, à la fois ravi et encore étonné de ce qui venait d'arriver, la nuit où je lui ai fait la première fellation de sa vie. J'étais la première femme à boire son sperme ! Y repenser me trouble encore, quinze ans après.

Puis il m'avait quittée, car (m'avait-il dit) il ne tombait pas réellement amoureux. Il était parti à l'étranger, et j'avais mis des mois à m'en remettre, à ne plus penser à lui tous les jours... Il avait été franc avec moi, je n'arrivais donc pas à avancer en passant par la phase nécessaire de la colère. Je ne pouvais pas lui en vouloir.

Quatorze mois plus tard, un soir où j'étais seule, quelqu'un sonnait à l'interphone de mon studio. C'était lui, revenu dans ma vie comme s'il m'avait quitté la veille, sans ME quitter. La même complicité, la même attirance (ah, le deuxième "premier baiser"... un des plus beaux de ma vie, car je savais qu'il serait merveilleux), nos discussions que j'aimais tant, nos moments de silence côte à côte, sans gène particulière, juste le plaisir d'être l'un contre l'autre à écouter de la musique...
Nous avions refait l'amour. En toute simplicité, avec le bonheur de retrouver son parfum, sa peau, et toujours ses beaux yeux verts. Les papillons au fond du ventre...

Je n'avais que 24 ans, mais j'acceptais déjà, sans vraiment le réaliser, la possibilité d'une belle « histoire de cul » : une histoire d'émotions, de tendresse et de volupté, à défaut d'une histoire d'amour complète et aboutie. Mais lui, plus jeune que moi encore, avait peur de ne pas me respecter ; m
algré ses désirs de moi, la situation le dérangeait.
Au bout de quelques temps, je retenais mes « je t'aime », lors de nos rencontres assez régulières. Puis j'ai rencontré l'homme qui allait devenir mon mari. Alors, un après-midi, j'ai dit à celui dont j'avais attendu le retour si longtemps que j'avais très envie de lui, mais qu'il ne fallait pas. Il a compris, m'a dit : « j'ai tellement envie de toi... il faut que je parte, sinon je vais te sauter dessus ». Il m'a embrassé sur le front.

Et je l'ai regardé partir.

Plus tard, je me suis mariée. J'ai fait un enfant. J'ai déménagé dans une petite ville à 20 km de là. Cinq ans se sont écoulés. Jusqu'à ce que je tombe sur « lui », dans le parking de ma résidence ! Il venait d'emménager dans le même bâtiment que moi. Avec femme et enfant.
À chaque fois que je le croisais, j'étais troublée, bouleversée, terriblement attirée par lui. Monter dix étages dans un ascenceur, seule avec lui, me faisait fantasmer pendant des jours.

Il ne s'est jamais rien passé entre nous. Il est parti, faire construire, la même année que moi. Y avait pas à dire, nous étions en symbiose sans le vouloir...
Puis j'ai divorcé, quitté la région.

torse2aSi je le revoyais aujourd'hui, je ne peux pas garantir que je resterais indifférente... pourtant, évoquer son existence ne me fait plus grand chose. Peut-être une pointe de nostalgie vis à vis de l'insouciance de cette époque ? L'homme avec qui je vis n'est pas comme ça, et parfois je regrette de ne plus pouvoir profiter des joies simples et de jouer comme des enfants, un moment.

 

* * *

 

Et mon rêve, me direz-vous ? Je n'ai plus les détails, mais il me reste l'ambiance, la douceur extrême, le désir, la tension érotique.

Le hasard nous réunissait, cet ex amant et moi, dans un aéroport. Mon avion était en retard. Et  de suite, je percevais que cet homme avait envie de moi
... Pas besoin de discuter de ça, nous savions que ça arriverait. Mais il me parlait, de tout de rien, et il y avait cette même complicité, proximité, et son petit côté insolent face à la vie, amusé de toutes les situations inhabituelles.
J
'ai retrouvé son beau regard vert . Et il y avait ses sourires, il y avait sa bouche qui me faisait envie... me souvenir qu'il embrassait merveilleusement bien... J'ai retrouvé sa langue, sensuelle contre la mienne, j'ai retrouvé ses lèvres, le goût de sa bouche, son souffle se mélangeant au mien... ses mots contre mes joues, ses caresses.

Nous sommes allés nous cacher comme deux gamins, dans un bureau aux murs de verre, derrière les bibliothèques. J'étais contre lui, dans ses bras, j'ai ouvert sa chemise et redécouvert son torse, sa peau si lisse, si douce, ses grains de beauté. Je me sentais protégée, aimée, et je me suis blottie au creux de son cou, puis j'ai caressé les courbes de son épaule, dessiné du bout des doigts les contours de son bras... embrassé sa clavicule, tout le long, fini dans son cou encore, à le respirer...  ou à écouter son coeur puis repartir à l'assaut de ses baisers. Et profiter encore de la couleur de ses yeux félins.

Après, nous avons fait l'amour, debouts, à moitié déshabillés, en riant. J'ai perdu les détails de cette scène, je n'ai que des flashes. Sa peau, encore, sa chemise blanche froissée, ses épaules rondes et tendres, ses mains sur moi. Nos ventres collés, et le plaisir accompagné de complicité sereine. Notre gourmandise, et de la tendresse, toujours.

Et la suite ? Je ne la sais pas. Je me suis réveillée
et je suis restée longtemps sous la couette sans bouger, à profiter, en fermant les yeux.
J'ai repensé à ces après-midis dans les vagues, où il me tenait serrée contre lui tandis que nous étions embarqués par la force de l'eau. À ces moments où je m'amusais à me coller contre son dos, m'allongeant sur lui, pour l'obliger à rester encore sur sa serviette de plage à cause de son érection. À ces nuits où nous nous réveillions et où nous faisions l'amour sans un mot, conscients de notre désir réciproque, avant de refermer les yeux pour quelques heures...

Puis, j'ai réalisé que c'était son anniversaire, aujourd'hui.
Le pouvoir de l'inconscient...

 

 

Et ne me dites pas que ces souvenirs n'appartiennent qu'à moi, que là aussi ça
pourrait froisser mon homme. J'ai subi pendant plusieurs mois les empreintes
des pieds d'une de ses (anciennes ?) conquêtes, sur le pare-brise de sa voiture,
côté passager. Devant mes yeux à chaque fois qu'il m'emmenait quelque part.
J'ai fini par nettoyer la vitre, pour effacer ce manque de tact et de délicatesse.


 

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Mer 9 mai 2012 4 commentaires
Un joli rêve, et au beau moment de douceur, merci de nous l'avoir fait partagé. Peut-être y a t'il une part inconsciente d'envie, dans ce retour temporaire à une certaine légèreté et un amour sans tensions ni dissimulations...
Capitaine - le 09/05/2012 à 07h32

Oui, sûrement un besoin de douceur, d'insousciance... c'est certain. :)

Ombres & Caresses
Est-ce que je pourrais être dans ton rêve, douce O&C ? :)
Quadramatique - le 09/05/2012 à 10h21

On va voir s'il y a moyen de passer commande... :D

 

(Ah, si je pouvais choisir mes rêves... je supprimerais définitivement mon ex-mari et mon père, par exemple. Ça m'éviterait quelques heures de colères et de tristesses.)

Ombres & Caresses
La première fois que je l’ai vue, je sortais d’un cours, la tête et l’âme pleines de musique, retournant dans mon esprit tout ce qui venait de m’être dit.
Je descendais les marches de l’escalier, pensif mais insouciant, pour me rendre au cours suivant, au rez-de-chaussée. Le bruit de la porte d’entrée qui venait de claquer me fit lever les yeux et là, au milieu d’un groupe de gamines portant l’uniforme d’un pensionnat, je La vis.
Elle avait levé les yeux au moment où les miens s’étaient posés sur Elle. Il m’était impossible de me détacher de cette apparition. Cette gamine me parut la plus belle que je n’aie jamais vue, avec ses longs cheveux auburn, tirés en arrière dans un savant chignon.
Mon souffle était court, je restais là sans bouger.
Fébrilement, je saisis la rampe de la main gauche et, de l’autre, dans un geste qui se voulait désinvolte et qui me parut maladroit, je rejetais mes cheveux en arrière. Je sentais mon cœur battre fortement dans ma poitrine.
Nos regards ne se quittaient toujours pas. Son visage était tendu vers moi et toute la douceur du monde semblait s’être échappée de ses yeux pour m’envelopper.
En cet instant, j’eus peur de perdre ce que je n’avais pas encore, de me tromper, de mal interpréter l’intérêt qu’elle me portait.
Je continuai mon approche, marche après marche, mes yeux rivés aux siens.
Arrivé devant Elle, sans me préoccuper de son entourage, - elle était, pour moi, seule au monde - j’osai passer le revers de mon index droit sur l’ovale de son visage. Puis, avec une voix que je ne me reconnus pas, tant elle était nimbée de douceur et de délicatesse, je lui demandai si elle était nouvelle. Elle balbutia plutôt qu’elle ne prononça « oui ». Ma main alors, pour la première fois, prit la sienne pour nous conduire vers un bonheur que plus rien ne pourrait égaler ou même approcher.
En un instant, le cours de nos vies venait de changer. Les deux enfants que nous étions, comme touchés par une grâce divine, venaient de se transformer en une entité d’amour, de confiance et de plénitude.
Pendant tout le cours, nos regards se croisèrent sans cesse, complices et tendres.
Quand il fut l’heure de partir, je m’approchai et lui dis, sur un ton faussement détaché, comme si cela était évident « Je t’attendais, petite sœur ». Enhardi par son regard direct, qui ne parût pas étonné mais consentant et troublé, d’une voix à la fois feutrée et vibrante d’une intense émotion, je laissai échapper, dans un souffle, « Sais-tu que je t’aime, toi ? »
Elle ne répondit pas, mais je sentis confusément que quelque chose d'inexplicable venait d'avoir lieu : elle était tombée sous mon emprise comme moi sous la sienne. J’aurais voulu lui crier que je l’aimais follement, passionnément, mais les mots ne venant pas, mon regard se chargea, pour moi, de lui transmettre ce message subliminal.
Je lus, dans ses yeux, la joie de l’acquiescement et je compris alors qu’elle partageait toutes ces émotions, avec la même intensité que moi.
Un sentiment de bonheur inconnu m’envahit si fort qu’il fit vibrer tout mon être.
Ces moments se sont imprimés au plus profond de nous et souvent, elle m’a confié s’y raccrocher, en relisant le petit calepin où Elle avait noté les instants décisifs de nos premières années.
Je venais d’avoir douze ans et Elle onze.

C'est là ma naissance à l'amour, à la vie...

Jeff
Jeff - le 09/05/2012 à 11h46

Une bien belle "histoire", pleine d'émotions. :)
Merci pour ce partage...

Ombres & Caresses
heureusement que nous ne maitrisons pas nos rêves, nous ne les laisserions pas partir sur des chemins où nous risquerions de nous perdre.
Le plaisir sexuel entre 2 êtres est, je pense, plus une question d'atomes crochus que de technique.
Les moralisateurs qui vous conseillent telle ou telle chose n'ont cas s'occuper de leur vie. Chacun est maitre de son destin et, si monsieur votre compagnon se trouve choqué à la lecture de vos mots, il n'a cas ouvrir les yeux sur le mal vivre qui mène votre couple à sa perte
juju051 - le 09/05/2012 à 16h06

"Le plaisir sexuel entre 2 êtres est, je pense, plus une question d'atomes crochus que de technique" : tout à fait d'accord avec cette phrase ! :) Même si avec le temps, avec l'âge, on ose plus... tout est encore question d'atomes crochus.

Ombres & Caresses