DANS L'OMBRE & SOUS LES CARESSES ...
... Et quelques mots sur des émotions.
Il y a deux jours, il est parti.
Devant la gare, il m'a embrassée comme s'il revenait deux ou trois heures plus tard. Je l'ai regardé s'éloigner, il s'est retourné. Un sourire qui manquait de malice, un
regard sans le pétillant que j'aime. Je ne suis pas arrivée à vraiment savoir ce qu'il voulait dire, ce sourire. Y avait-il une pointe de tristesse ? Du regret ? De l'amour ? Des points
de suspension, suite à notre discussion de l'avant veille ?
Il y avait en tout cas dans ses yeux quelque chose d'enfantin presque, de vulnérable. Une partie de lui qu'il passe sous silence. Touchante, pourtant, mais qu'un je ne sais
quoi a fait disparaître.
Je suis seule pour quelques jours. De vraies vacances, sans responsabilités. Mon esprit
au repos. Je peux vivre pour moi, juste pour moi. Je peux écrire, faire des photos. Plein d'idées à mettre en oeuvre... Je peux vivre la nuit, sans jugements, et puiser mon
inspiration dans le silence nocturne. Je peux regarder des films quand je veux, et pleurer sans avoir peur d'être prise en flagrant délit ; juste une fille sensible,
sentimentale.
Je ne vis pas avec un corps présent pour un esprit absent. La frustration ne s'impose pas, par
conséquent. C'est un éloignement établi, contre lequel je suis impuissante, contre lequel il ne peut rien.
Mais il y a le vide, et le silence. Il me manque, malgré tout, mon homme. J'ai du mal à aller dans notre lit, où je vais retrouver son odeur, ce parfum soulignant la
séparation. Pourtant, j'aime fourrer mon nez dans son oreiller, et respirer doucement, jusqu'à m'endormir, apaisée par ce rapprochement passager et paradoxal.
Alors, je l'écoute jouer. Il m'a laissé ces souvenirs. Des traces de lui. La musique m'accompagne, me berce, me réchauffe.
Et quelques minutes par jour, j'entends sa voix. Elle est différente, si loin. Il me paraît plus réservé. C'est un peu comme si on se découvrait d'une autre manière. Je sais, je me fais
des idées... Ça me fait ça, moi, l'amour. Pas à lui, sûrement. Je ne saurai jamais, de toutes façons.
Il m'a même dit "je t'aime", hier, avant de s'endormir loin de moi.
Cette séparation sera-t-elle bénéfique ? Vais-je lui manquer, et aura-t-il plaisir à me retrouver ? Je ne sais pas. Je crois que je n'y crois pas vraiment, et c'est triste, un peu.
Nous avons juste ébauché un rapprochement, avant le départ pour ses vacances. À son retour, nous n'aurons pas le temps de profiter de moments en couple. Il va falloir malgré ça trouver comment renouer, se reconnecter.
* * *
En début de semaine, je lui ai écrit. Ecrit, oui. Les mots se posent mieux, par ce
biais. L'écriture a du bon. Je lui ai écrit, sans colère, en trouvant comment dire les choses, vu que j'ai pris le temps de me livrer ici. J'ai été claire, dure sûrement, mais
sans l'aigreur qui rend tout mauvais. J'avais la peur au ventre, en étais malade, en larmes de crainte que ce message signe notre fin. Et je le lui ai avoué.
Je lui ai dit qu'il s'était lassé de moi. Je lui ai dit que son esprit toujours évadé me décourageait de le caresser, le câliner. Que si je m'éloignais, le regardais moins, c'était
pour éviter un refus.
« Mais je suis là, toujours là, et je t'aime. »
J'ai essayé d'expliquer à un célibataire vivant en couple ce qu'était vivre en couple. Et j'ai
réalisé que ce que je trouve naturel, normal, relevant de l'éducation (?) sont en fait des efforts, pour lui. Il le fait, pour moi, alors que ça me paraît des évidences quand on vit
à deux (trois).
J'ai mis l'accent sur le bien que m'apportait le peu de tendresse qu'il manifestait envers moi. Au moins, j'en profite, je dévore, comme un petit oiseau se jetterait sur des miettes
éparses dans la neige.
Je lui ai expliqué pourquoi j'aimais faire l'amour avec lui (trois semaines que je n'ai pas senti un homme dans mon ventre... trois semaines !) et
j'ai décrit mes émotions, mes sentiments, notre complicité, ma confiance, cette façon de s'aimer sans "ces foutus mots qui nous font défaut".
J'ai évoqué l'amour en solitaire remplaçant la vie sexuelle du couple, évoqué ma volonté de faire renaître le désir et le plaisir. De se redécouvrir.
J'ai insisté sur le lien particulier qui nous unit, sur la confiance que j'ai en lui, pour lui révéler mes fantasmes, mes envies, mon corps. Ma soif de découvrir, à ses côtés, de me dépasser, avec lui.
« J'aime sentir ton amour sous tes mains, sur tes lèvres, dans ton odeur... et j'aime ton abandon à moi. Il me touche
profondément. »
Ça se dit, ça, à un homme ? Un mâle, un vrai ? J'ai osé. Malgré la peur...
J'ai osé lui exposer mes plaisirs simples. Être réveillée par un baiser, un sourire. Me promener en lui tenant le main. Juste passer un moment à se balader dans la nuit. Ces instants devenus si rares et qui me paraissent précieux.
* * *
Et il m'a dit, en me serrant dans ses bras, qu'il était content que je lui ai écrit.
Et nous avons parlé.
Et j'ai beaucoup pleuré.
Et nos souffrances sont ressorties. Nos doutes. Nos sensibilités. Nos différences.
J'ai peur qu'on se sépare, malgré notre amour, à force de ne pas trouver les mots. Il reste encore tant de chemin
à parcourir, pour se comprendre et s'accepter... Mais il ne s'est pas lassé de moi, m'a-t-il dit.
Nous nous sommes rapprochés. Timidement, je crois. La passion est partie. Nous n'avons pas fait l'amour. Est-ce un
bien, ou un mal ? Trouverons-nous un nouvel équilibre, plus calme, plus tendre ? Mais la passion est nécessaire entre nous, pour nous sentir vivants, aller loin, tous les
deux.
C'est un début. De la tendresse, des caresses, des moments ensemble, des "je t'aime" qui refont surface. J'espère juste que les vacances ne vont pas briser notre élan encore craintif.
Je viens de faire, en quelques sortes, un bilan d'Ombres &
Caresses. Non ?
Dans un monde rêvé, le blog prendrait désormais un tournant plus léger, tourné vers les récits érotiques - fantasmés ou réels - retrouvant sa vocation première. Nous verrons bien. J'ai
envie d'y croire, mais il faut qu'on soit deux.
Il est 7 heures. Paris s'est éveillé(e) depuis deux heures (allez écouter la chanson dans le billet précédent)... ;) Je vais dormir quelques heures.
Et cette chanson, juste parce qu'elle est magnifique de douceur, de sensualité,
et qu'elle a accompagné ma nuit d'écriture.
Violoncelle pour frissons, à 1:37 min et à 3:20 min.
Une porte est ouverte. Je prie pour qu'un courant d'air ne me la referme pas au nez ! ;) Ou pour que mon homme ne la laisse pas se refermer lentement, dans un léger grincement.
Parler, c'est la clé de tout. Mais les mots sont difficiles à trouver, ils blessent l'autre, volontairement ou non, trop souvent. On veut s'expliquer, l'autre se sent agressé. Agresse. Méprise. Et le dialogue se meurt.
J'ai peur, de parler. Trop souvent ça a juste envenimé les choses, ça m'a rendue tellement triste et totalement désabusée... alors j'ai tenté de garder pour moi et d'accepter de mon côté, en silence. Mais c'est très dur.
J'aurais aimé pouvoir faire ce genre de chose, moi qui ai la plume facile en général ...
Je te souhaite le meilleur, du plus simple au plus voluptueux, et je suis persuadé que tu trouveras encore d'autres arguments pour y arriver !
Doux baisers.
La plume facile peut être trop aiguisée, aussi... J'ai déjà tenté (à écrire, et à lire) et ça peut faire très mal.
Ce message-là n'était pas facile, dans le sens où il fallait mettre toute colère de côté (j'y suis arrivée partiellement). Il est quand même venu "facilement", assez paradoxalement, vu que je le
couvais depuis un moment, pour certains points, et que je les avais évoqués, formulés, travaillés, étudiés, ici.
Bisous optimistes
Confiance, oui. Mais caractère impulsif, agressif si agressé, méprisant pour cacher ses émotions.
D'où mes craintes. D'où mes silences.
Je pense que vous avez ouvert une porte et c'est très bien. Dans un couple le plus important c'est le dialogue, pas toujours facile à ouvrir, pas toujours facile de formuler les ressentis mais se parler c'est le début de la solution (34 ans de mariage, on a usé et on use encore de la salive)autrement ce sont les regards gênés, les non dits et les frustrations qui s'accumulent et l'amertume qui s'installe.
Dans un dialogue il faut savoir aussi être à l'écoute de l'autre, savoir accepter ses reproches ou se envies.
Personnellement je crois au dialogue, vous avez réussi à ouvrir cette porte par l'écriture quand vous la sentirez à nouveau se refermer n'hésitez pas à reprendre votre plume
Joyeuse fin d'année pour vous et les personnes qui vous sont chères. Je vous souhaite de bons dialogues constructifs et des nuits sans sommeil dans les bras de votre compagnon.
Amicales pensées