DANS L'OMBRE & SOUS LES CARESSES ...
Matin triste.
Angoisses, pensées nostalgiques et idées colériques.
Un ex-mari mesquin, qui tente de pourrir mon monde maternel.
Des douleurs au corps qui m'empêchent encore d'être femme, ou d'être moi.
Un dos meurtri qui me rappelle qu'il y a neuf mois, une discussion trop passionnée m'a physiquement abimée.
Un examen médical demain qui me serre la gorge. De ceux qui eux aussi touchent à la féminité, à cette part de moi qui ne veut
ni disparaître, ni s'endormir. Tumeurs, ou pas ? Tranquille pour six mois, voire un an, ou pas ?
Et puis, il y a un an, j'étais enceinte. J'essaie de ne pas y penser ; je n'y arrive pas.
Des images me reviennent en mémoire, comme ce petit bout de bébé sur l'écran de l'échographie. L'annonce brutale à trois mois de grossesse, sans signes alarmants. La suite, les
explications sordides, l'attente avec un foetus toujours en moi, mais qui ne grandissait plus. L'échographie pour confirmer le curetage, ces moments cuisses écartées où je me forçais à ne
pas regarder l'écran, pour ne pas voir la mort dessus... La salle de réveil, alors que c'était fini, alors que je plongeais dans mon cauchemar... les larmes.
Mon homme, qui a arrêté de poser sa main sur mon ventre. Mon homme, qui a rejeté un temps mon corps portant le
deuil. Et je comprends. Mon propre rejet a été plus long. Maternité perdue, féminité perdue, encore. Il m'a fallu longtemps avant de retrouver du plaisir, là aussi.
Depuis un an, celui qui vit à mes côtés ne caresse plus mon ventre. Avant, il le faisait, même quand je n'étais pas enceinte, juste pour me dire son envie d'enfant. J'aimais sa promessse
rassurante. N'ose-t-il plus ? A-t-il oublié ? Ne veut-il plus comme avant ? A-t-il peur que je refuse ? Ce geste a simplement disparu.
° ° °
« Je m'habille devant la glace et me souviens de tes mains qui savaient si bien me dessiner. Les miennes suivent tes
traces, mais je ne sens plus rien. Je suis devenue insensible, glacée. (...) Seule au milieu de la pièce, je caresse mon sexe, j'essaie de l'émouvoir, en vain. Il reste sec, indifférent,
fermé. Ce n'est pas à notre amour que tu mets fin, c'est à moi, assassin ! »
« Longtemps, bien longtemps après notre rupture, je relirai ses lettres d'amour si belles. Je les classerai dans leur ordre chronologique pour voir naître entre nous le désir et la
passion, puis nos premières griffures, ces discussions interminables qui nous déchiraient et creusaient entre nous le gouffre, mes premières larmes, ses derniers silences... »
« Mon plaisir galope à ta rencontre, mon corps exulte, il n'est pas mort. »
La Rupture ~ Françoise Simpère
Avant-hier soir, je lisais cette nouvelle, seule, jusqu'à tard
dans la nuit. Cette ambiance teintée d'agonie, de chagrin, m'a profondément émue. La narratrice y dit aussi qu'un autre homme a su "faire fondre l'iceberg de son
chagrin".
Ensuite, mon homme est
arrivé et s'est glissé contre moi. La veille, nous avions fait l'amour.
Il est venu se réchauffer, dans ma bulle tiède. J'ai caressé ses cuisses. J'aime sentir les muscles sous mes doigts, cette virilité associée à la douceur de sa peau. Mes mains sont
remontées vers l'intérieur, plusieurs fois, toujours en prenant soin de ne pas aller trop haut.
Pourtant, un effleurement a tenté sa chance... Ce "plus grand des hasards" a fait naître une émotion masculine, quelque part entre le soupir et le gémissement. J'aime, ces
réactions. Un homme réceptif, qui accepte le désir. Quelque chose tout en nuances, quelque chose de très doux... Ce détail qui fait que j'ose, que mes petites bulles de
désir pétillent.
Je me suis coulée le long du corps de mon amant. Nous étions face à face, allongés sur le côté. J'ai glissé jusqu'à son sexe, que j'ai pris en bouche. J'ai plaqué mes mains
sur les fesses de mon soupirant, pour le garder dans cette position peu habituelle. J'avais envie qu'il fasse l'amour à ma gorge, qu'il baise ma bouche. Il se déhanchait lentement,
mais allait profond.
J'ai repris le dessus, pour le boire. Puis je suis venue me blottir contre lui, câline, pour m'endormir, mais il m'a caressée, me gardant entre sommeil et réalité, avec ces
sensations de rêve, de bien-être et d'excitation mélangées. J'ignorais de quel côté basculer, alors je me suis laissée porter. C'est alors que le mouvement a changé. Les cercles
suggestifs de ses doigts évitaient jusqu'ici mon clitoris. La pulpe de son majeur a lentement glissé le long de ma fente, jusqu'à me pénétrer. Une onde de plaisir m'a parcourue,
d'une rare intensité, me coupant le souffle. Je mouillais tellement et j'étais si sensible que j'ai joui très vite.
Le monde des songes, d'un coup, nos corps l'un contre l'autre, ma main dans la sienne. De l'amour pour nous tenir chaud, nous envelopper, celui qui fait que je me sens enfin
bien, détendue, confiante. Même si ça reste fragile...
° ° °
Matin triste.
Angoisses, pensées nostalgiques et idées colériques.
Et pourtant, en même temps, le ciel est bleu, ce matin, pour la première fois depuis longtemps. Je suis fatiguée, mais il fait soleil.
Et je sais, pourquoi ces rayons...
Celui que j'aime s'est levé très tôt. Le jour n'était pas encore vraiment là.
Il était assis sur le lit. Il a caressé le chat, venu me rejoindre dans la couette. Et il m'a regardée, m'a souri. De la tendresse. Banalité, simplicité ? Peut-être, pour les autres. Pour
moi, encore à moitié endormie, qui avais du mal à ouvrir vraiment mes yeux, c'était une bouffée de bonheur amoureux.
Quand il est parti, dans la lumière encore grisée de la chambre, dans l'ombre j'ai vu ses yeux briller. Il m'a embrassée, m'a dit "à ce soir", m'a embrassée à nouveau, et... a
mordillé mon épaule nue. Il a quitté la pièce, en souriant.
J'ai cru fondre.
J'y ai repensé quinze fois dans la journée.
Ces instants insignifiants, si plein d'amour simple, tout en douceur.
J'ai conscience que ces sujets n'ont pas forcément leur place sur un blog érotique. Ceci dit, ils font partie de moi, et ici, c'est un peu mon nid, mon refuge, mon chez-moi. J'avais besoin de confier, peut-être d'expliquer un peu le pourquoi de certaines émotions, aussi...
Et puis il s'agit de féminité... sous différentes formes.
Et puis... C'est à ce moment-là que la part sensuelle de ma vie refait un peu surface... donc il faut tout prendre, et garder le bon.
Quant à mon homme, j'aimerais penser pour me rassurer que ses réactions sont celles que vous décrivez, Juju. Mais au fond, je ne pense pas que ça soit ça. Il est détaché de tout ça. Il a eu des
mots durs envers moi, des réactions déplacées.
C'est vrai, cette fausse couche a abimé notre couple. Mais mon homme doit penser que c'est ma faute. Il a renié mes souffrances, sûrement parce qu'il ne voulait pas qu'elles existent. J'aurais eu
besoin qu'il leur laisse leur légitimité.
Tout ça passe, avec le temps... mais je traverse mes questions sans lui.
Je suis quasi certaine qu'il ne me demandera pas de nouvelles sur mes examens. Il aura oublié, tout simplement. J'ai évité de le lui rappeler, je ne lui ai pas dit mes angoisses, pour ne pas être accusée. J'ai refermé mon manteau de (pseudo) dignité sur mes peurs.
Etrange vie de couple, tout de même... :(
une pensée amicale pour vous soutenir dans l'angoisse de cette attente
Sûrement, ce message qui devait sortir de moi explique beaucoup de choses... sur moi, en tous cas, à défaut de mon couple. Je n'ai pas la prétention d'expliquer le ressenti masculin. :)
Merci pour les pensées...
C'est magnifique.
Oh... Merci beaucoup. Ce message me touche.
Il y a un peu de tout ça, oui... Comme la vie, quoi.
J'ai rapidement parcouru votre blog, j'y reviendrai plus longuement.
Je trouve très bien votre façon d'aborder le manque de libido... Je crois que je ne saurais pas faire comme ça.
Je vais fournir des mouchoirs à l'entrée... Hum.
Merci pour votre message.
( ne me répondez pas c'est quand même très privé ça!)
Pour moi aussi, couple veut dire partage. La complicité je la voudrais aussi dans les moments moins heureux. Du soutien, du réconfort. Mais c'est embarrassant, les mauvais moments du couple, les angoisses de l'autre. Là, il est tellement plus facile d'être célibataire, et de s'échapper un moment...
Un peu prévu : il a zappé mes examens. Je n'ai eu aucun réconfort avant (mais je n'ai pas réclamé, est-ce donc ma faute ? Non, je me dois d'être digne, donc de me taire), aucune question sur ma santé après. Quand j'y pense, ça me rend très triste, alors j'essaie de ne pas y penser. Au fond, il ne se soucie même pas de ma santé (sans parler du moral) alors que nous habitons "ensemble".
Quant à votre question, pour moi la réponse est simple : non. ;) Du moins pour moi.
Tu lèves le voile avec pudeur sur ce qui te ronge. Une première approche pour te comprendre. La route sera probablement longue, mais tu viens de si loin ...
Je t'embrasse.
Je vais quand même essayer de parsemer ma route de moments plus gais. :)
Ceci dit, il est vrai que ce blog m'aide à avancer, à accepter des choses.
À la relecture des extraits de Françoise Simpère, j'ai pleuré.
Elle a su mettre les mots sur ce que je ressens à nouveau aujourd'hui. Ce corps éteint, qui ne réagit plus, qui semble desséché, qui n'accepte plus le plaisir, alors que la tête en aurait tellement besoin...
Si j'ai bien compris vous avez des examens angoissants à passer, du genre qui font peur à tout le monde eh bien, votre compagnon a aussi cette peur mais il y a des mots que l'on ose prononcer, on ne veut pas angoisser l'autre, on ne veut pas ressasser et, en tant qu'homme je peux vous dire que l'on est très gauche dans ces moments là.
Vous écrivez vraiment très bien, tout en nuances, délicatesse, pudeur, merci
Amicales pensées