« Suggérer, c'est créer.
Décrire, c'est détruire. »
Robert Doisneau.
J'aime suggérer. Créer. Pas du désir, non ; plutôt de la curiosité, ou un trouble teinté d'esthétisme. Donner la priorité à l'imagination, plus douce que la démonstration.
Eveiller, doucement. La photo me permet d'apprivoiser mon corps et mon image aussi, tout simplement. Peut-être, lentement, j'apprends à mieux l'aimer.
Cette approche a donné « deux vits nets ».
Sous forme de jeu (avec la profondeur de champ, et avec vous) j'ai suggéré, sans dévoiler entièrement, une partie de moi que j'ai du mal à "esthétiser". Un petit côté innocent, joueur,
pour relativiser. Petit à petit m'habituer, puis finir par intégrer ma féminité dans son ensemble.
Pas que physiquement, même s'il faut prendre ce point en compte (faire une image qui ne soit pas crue, trop directe, ou
vulgaire, provocatrice, était une sorte de challenge ; rendre l'intimité feutrée, délicate et donner ce côté privé, presque secret, nuancé). Plus psychologiquement, il s'agit sûrement de
vivre sereinement avec une cicatrice au bas de mon ventre. Plus intime encore que le plus intime, de par tout ce qu'elle symbolise.
Il m'a fallu longtemps pour arriver à l'aimer. Elle, synonyme de violence. Le mot vous parait fort, sûrement, mais j'ai vécu ces moments, aux intonations médicales et inquiètes, avec
cette sensation précise. Pourtant, elle est le souvenir ancré sur ma peau de la naissance d'un enfant. Elle est là, comme un tatouage, pour la vie. Sans ça, je ne serais pas mère.
Mais objectivement, en tant que femme, pas en tant que mère, ma cicatrice n'est pas très jolie. La voir sur des clichés fait remonter tous ces souvenirs ambivalents...
* * *
Voici donc deux autres photos, prises le même jour que les précédentes.
J'ai été très touchée par vos commentaires, sur l'autre billet. Je ne pensais pas que vous joueriez le jeu de manière aussi
espiègle et imaginative. Beaucoup de vos réponses m'ont fait sourire. Je ne regarderai plus jamais ces "deux vits nets" du même oeil !
Et moi ? Que pourrais-je dire ?
Ces poses m'évoquent la procréation. Femme offerte à la pénétration masculine, avec l'envie de faire un enfant. Pouvoir recevoir mon amant au plus profond de mon ventre, l'enserrer entre
mes cuisses, caresser son dos, faire l'amour avec amour, cette fois... Il fait beau, il fait bon dans la chambre.
J'aurais aimé garder mon homme contre moi, sa tête sur ma poitrine, après, pendant un long moment, dans le silence, s'il avait été avec moi.
Ces inspirations me sont venues en ayant les "reproductions" (un terme bien à propos) sous les yeux, pas avant, pas pendant.
Et concrètement, cet après-midi là ?
L'effrontée avait raison, en faisant allusion aux frissons et à l'éveil des sens. Ptilopsis ranime les émotions du printemps, et je suis persuadée que ça joue, chez moi. Cette terre riche
s'est gorgée de rosée, comme le suggère Capitaine. Même si j'étais seule. Juste en rêvant mon homme présent, tout simplement.
L'après plaisir solitaire dans la lumière du soleil... J'ai profité de ce sentiment éphémère de sérénité. Un regard un peu plus clément sur moi-même, en imaginant mon corps
légèrement, très légèrement transformé par la quiétude, libéré de ses tensions.
Ces intonations paisibles sont fugitives, cependant.
Cette nuit, je regarde la photo en bas de mon écran, et... je ne sais pourquoi, je ressens une sorte de confusion.
Par contre, désormais, je repenserai de temps en temps au farfadet de Bombadilom,
il m'accompagnera lors de mes séances photo ! ;)
|
Notes (in)connues