« Quels sont les dix livres qui vous ont le plus marqués ? »
Cet après-midi, j'ai lu un article sur ce sujet et je me suis remémoré les ouvrages qui ont marqué ma vie.
• « Petit Bleu et Petit Jaune » de Léo Lionni :
Eh oui ! Je ne saurais dire pourquoi, ce livre
m'a marquée. Un de mes premiers souvenirs d'enfance, très précis dans mon esprit. La simplicité des dessins, limités à des couleurs ? L'histoire d'une famille, à laquelle je pouvais
m'identifier ?
Je me revois, en maternelle, assise à ces tables rondes, lisant et relisant cette petite histoire. Je revois la salle de jeux, au fond, "la dinette" et "la marchande"... et la chaufferie,
si on n'était pas sage ! (Pas sûre qu'un seul enfant y soit allé, en réalité...)
• « Michka » de Marie Colmont : Un autre livre de ma petite enfance. Celui-là était chez mes grands-parents. Je le lisais donc à chaque vacances. À la fois touchant et un peu triste, pour la petite
fille que j'étais... Les illustrations y étaient pour beaucoup, je pense ; entre autres, une de ce petit ours en peluche dans la neige... Petit livre sorti de ma mémoire lorsque j'ai
grandi, et auquel j'ai repensé un jour, trente ans plus tard, sans trop savoir pourquoi. Alors, je l'ai cherché et l'ai offert à ma fille.
• « L'Etalon Noir » de Walter Farley : Série "jeunesse", découverte à l'école primaire. Le
début de ma passion pour les chevaux. Ces livres ont bercé mon enfance et inspiré les trois quarts de mes jeux. J'ai été longtemps perturbée par le dernier tome de la série, que j'avais
trouvé à l'époque très noir, à l'ambiance dérangeante, sûrement à cause des thèmes abordés (la mort, la folie, la solitude...)
Je n'ai pas pu prendre de cours de cheval à cause de problèmes de santé, cette passion est donc restée théorique... jusqu'à ce que ma fille prenne le relais.
Elle me permet de vivre un peu mon rêve de
petite fille, et je lui donne les moyens de vivre le sien. Je lui fais découvrir ce monde, elle monte, s'occupe des chevaux. Je la laisse aller à son rythme, doucement prendre confiance ; elle ira
jusqu'où elle voudra. Nous avons assisté à des courses hippiques, j'ai été fascinée et émue par la puissance et la beauté de ces animaux, nous avons découvert là aussi un autre
univers (et j'ai repensé à beaucoup de pages de l'Etalon Noir)...
Je
suis heureuse de vivre ça avec ma fille.
• « L'Ecume des
Jours » de Boris Vian :
LE premier livre qui m'est venu à l'esprit. Je l'ai lu et relu, au fil des années.
Une révélation. J'avais 14 ans et un professeur de français passionné, qui a sû nous transmettre sa passion des mots, de la lecture, de l'écriture, de la littérature, du cinéma... Oui,
j'étais secrètement amoureuse, je l'avoue ! Il avait beaucoup de charme, et une réelle complicité était née entre nous. Sans aucune ambiguité de sa part je suppose, et moi de toutes
façons, je ne rêvais que de tendresse et de partage... Il suffisait d'un regard, d'une pointe d'humour, et nous étions sur la même longueur d'ondes.
L'Ecume des Jours est une histoire pleine d'humour, d'absurde (un délice), d'émotions (comment passer du rire aux larmes)... une histoire très touchante, et aussi extrêmement poétique à
mes yeux.
• « Antigone » de Jean Anouilh :
Cette même année, grâce au même professeur. Ce
personnage m'a touchée de par sa force et sa fragilité, de par sa franchise, son honnêteté. Je la trouvais courageuse, belle. Pas physiquement belle, non, mais une "belle personne".
Antigone est fière, et rebelle, courageuse malgré ses peurs. Je crois que je l'admirais, et que je me retrouvais dans certains traits de son caractère.
« Pauvre Créon ! Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m'ont faits aux bras, avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine. »
« Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte... Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse ! Je ne
veux pas être modeste, moi, et de me contenter d'un petit morceau, si j'ai été bien sage. »
• « Le Crime de l'Orient Express » d'Agatha
Christie :
J'étais collégienne, je crois. J'ai lu beaucoup de livres de cet auteur, mais c'est celui-là qui m'a marquée. Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment répondre. Les autres, je ne me souviens
que vaguement des intrigues, et pas de la fin ; pour celui-là, tout m'est resté en mémoire.
J'ai plusieurs Hercule Poirot sur ma liseuse, que j'aimerais relire... quand ma "pile à lire" érotique aura un peu réduit !
L'été dernier, j'avais commencé à écrire une version "érotique" de ce livre. Il faudrait que je la finisse.
• « Le Silence de la Mer » de Vercors
:
Lu au lycée, en cours de français. J'ai été troublée par ces sentiments qui naissent là où ils ne "devraient" pas, qui grandissent malgré les différences, les frontières, la politique...
J'ai aimé cette façon d'aborder la culture, l'intelligence, la littérature. C'est un beau livre, une histoire courte et intense, qui incite à la tolérance. À s'attacher aux hommes, à
leurs pensées, idées, émotions... pas à leurs origines ou aux ordres auxquels ils doivent obéir.
« J’appris ce jour-là qu’une main peut, pour qui sait l’observer, refléter les émotions aussi bien qu’un visage, - aussi bien et mieux qu’un visage car elle échappe davantage au
contrôle de la volonté. »
• « La Forteresse Vide » de Bruno Bettelheim :
Un livre étudié en cours de
philosophie, en terminale. Pourquoi cette oeuvre ? Je ne sais plus. Je ne me souviens plus sous quel angle "scolaire" nous avions abordé le sujet, je me souviens juste que le thème
m'avait interpelée, que ces enfants étaient touchants, intéressants, attachants, dans leur difficulté à communiquer, dans leur évolution. C'était aussi une façon pour moi de prendre
conscience des différences et des réalités plus tristes de la vie.
Adulte, j'ai voulu relire ce livre. Il est dans mes livres "en attente". Après avoir lu quelques commentaires, il apparait clairement que B. Bettelheim
a fait des erreurs, amenant de vives critiques à son égard. Mais j'ai envie de savoir comment mon regard de mère (totalement différent de celui de l'adolescente de 17 ans) va interpréter
ces lignes, aujourd'hui.
• « L'Odyssée de l'Espace » d'Arthur C. Clarke
:
C'est la première fois que j'ai lu un livre après avoir vu le film tiré de celui-ci. Édifiant ! Le film me semblait obscur sur bien des points, les mots m'ont expliqué beaucoup de choses,
l'histoire se tient, les détails sont importants...
Je n'ai jamais lu beaucoup de science-fiction, mais l'Odysée de l'Espace me semble un incontournable.
Mieux vaut un livre à un film, quel que soit le réalisateur...
• «
La Bicyclette Bleue » de Régine Deforges :
Trois livres étaient dans la
bibliothèque, sous mon regard (curieux). Je ne sais plus à quel âge je les ai lus ; j'étais lycéenne, il me semble. Je me souviens de certaines scènes de guerre terribles, je me souviens
avoir pleuré... et je me souviens de ma découverte de l'érotisme. Mes premiers émois... on aurait pu faire pire, non ?
Trois scènes me sont restées en mémoire, plus de vingt ans plus tard :
- La nuit où Léa et François se lavent avec l'eau du puits*, au clair de lune, et où la jeune fille se laisse savonner, avant de découvrir le corps
(et l'érection) de son amant en devenir. Certaines phrases m'ont troublée, d'une manière indescriptible.
- Les retrouvailles de Laurent et de Léa**, dans les caves toulousaines, quand elle veut faire de cet homme son amant. Elle assume ses désirs, se
fiche des convenances, et son corps est un instrument de plaisir, qu'elle assume là aussi. Elle représentait pour moi LA femme, la vraie, celle que j'aurais aimé oser être (il m'en aura
fallu, des années)...
- Et pour finir, un fantasme qui depuis ne m'a jamais quittée***... une scène qui m'a troublée au-delà du raisonnable : Léa retrouve Raoul et Jean,
les frères jumeaux amoureux d'elle, et ils finissent par faire l'amour tous les trois. Pour moi, ça débordait d'amour, de sensualité, tout en étant torride, avec un petit goût
d'interdit...
* La Bicyclette Bleue, Éditions Le Livre de Poche - Chapitre 14, page 185. ** La Bicyclette Bleue, Éditions Le Livre de Poche -
Chapitre 24, page 366. *** Le Diable en Rit Encore, Éditions Le Livre de Poche - Chapitre 5, page 185.
• « À l'Ami Qui ne m'a Pas Sauvé la Vie » d'Hervé Guibert :
Je ne sais plus à quel âge j'ai découvert
cet auteur, ni à quelle occasion. Peut-être une émission télévisée ? J'ai dévoré ses livres, compris beaucoup de choses sur ce sujet encore tabou à l'époque : le sida. Mine de rien, j'ai
beaucoup appris avec ces livres. On n'apprend pas tout ça à l'école, ni en discutant avec ses parents (les miens n'osant pas vraiment aborder les sujets touchant à la sexualité, il me
semble).
J'ai appris aussi la tolérance. J'ai mieux compris et accepté l'homosexualité (sujet qui ne me posait pas "problème", mais qui restait flou). J'ai été touchée par les émotions, la rage,
la colère, les sentiments, l'amour, les doutes, la tristesse, abordés dans ces livres. J'ai été bouleversée.
Et l'auteur était beau. Beau de cette beauté intemporelle, unique qu'ont les gens malades. C'est quelque chose qui me trouble. Affaiblis, au plus mal, on devrait trouver dans leurs traits
la maladie, la souffrance, la mort en devenir... moi j'y trouve une beauté à couper le souffle, quelque chose de fascinant, qui force le respect, l'admiration... quelque chose de
touchant, d'admirable.
• « Le
Lien » de Vanessa Duriès :
Comment ai-je découvert ce livre, moi, si sage,
timide, innocente ? (Je ne plaisante pas... à 20 ans j'étais encore vierge.)
J'avais 20 ans, oui. Etudiante, fréquentant les mêmes cours que "Vanessa". J'en parle sur ce billet : « Cette lecture m'avait dérangée, un peu, mais pas tant que ça. J'y ai
compris beaucoup de choses, de ce milieu que je diabolisais de trop, avant. Et surtout, je faisais... le lien (!) avec la jeune fille que je cotoyais quasi quotidiennement, simple,
humaine, vraie. »
J'ai en fait abordé ce livre sous un angle "studieux". Je voulais, je crois, comprendre, me documenter. Je ne crois pas m'être réellement arrêtée sur l'aspect érotique. Il faudrait que je
le relise, je suis certaine d'y trouver, avec l'âge, avec ma découverte de la littérature "pas sage", des choses tout à fait différentes. Et maintenant, sûrement arriverais-je à être
excitée, pas juste intriguée.
• « Le Train de 5h50 » de Gabrielle Ciam :
... et dans la logique des choses, je termine avec le premier livre érotique que j'ai lu dans un but pleinement "érotique". C'est un livre court, simple, qui au final ne va pas bien loin
dans les actes, mais... il pose une ambiance, un trouble, un désir... pour une première lecture, c'était bien trouvé. J'aurais pris un roman plus cru, ça m'aurait peut-être rebutée.
Et puis, en le lisant, j'ai commencé à effleurer l'idée d'écrire un jour...
* * *
... Et comme vous êtes observateurs, vous aurez remarqué que j'ai dépassé les dix livres. Mais vous ne m'en voudrez pas,
n'est-ce pas ? (Et puis c'est chez moi, ici, je fais ce que je veux !) ;)
En cliquant sur les titres des ouvrages, vous aurez plus d'informations...
Et vous ? Quels sont les livres qui vous ont le plus marqués ?
Vous pouvez répondre ici ou sur vos blogs respectifs (auquel cas, je ferai un second billet avec les liens de vos réponses, si un nombre assez important de personnes joue le jeu... et ça
vous amènera quelques visiteurs qui vous découvriront par la même occasion, peut-être !)
Clarissa, Aline Tosca, Miss Kat, Chocolat-Cannelle, Marie de la Lubriothèque, Chut, Thomas Galley, Bilba, Ambre... et pourquoi pas Anne Bert, Marie Godard,
Isabelle Lorédan, Guillaume Perrotte, Waid and See, Philo, Photaphil, Quadramatique, Stan, Juju51... et aussi tous ceux que je n'ose pas solliciter ou que j'oublie (et qui sont, soit vexés, soit soulagés !).
Bien sûr, aucune obligation de répondre !
Mais je suis curieuse, et si j'ai l'occasion de découvrir de beaux livres, je prends. Dans tous les cas, j'aurai permis
j'espère quelques découvertes de vos blogs. Vous avez là une partie de ma liste de favoris.
J'ai retrouvé quasiment toutes les couvertures que j'ai connues à l'époque de mes
lectures...
Et j'en ai profité pour mettre ma liste de liens à jour (cf. colonne de droite).
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Notes (in)connues