Passer du coq à l'âne, et du corps à l'âme...
Après des photos flirtant avec ma limite de la décence, passons à la limite de mon indécence.
La transition ne peut pas se faire. Pourtant, il y a une explication.
Ces clichés, une ultime tentative d'alléger mes maux, d'avancer malgré tout ; des apparences cachant les tristesses. Par
contre, mes mots sont lourds. Lourds de sens, lourds de souffrances.
Désespérée ? Plus maintenant.
Désabusée, certainement. À force de s'éloigner pour ne pas avoir mal, on finit par prendre une réelle distance, et faire un constat froid de son couple.
*
Pourquoi moi, pour lui ?
Etait-ce une sorte de contrat tacite ? Il voulait un enfant, je voulais un bébé. J'ai fait une fausse couche, il m'a laissée seule avec mes souffrances. Il ne les a pas comprises, il a
rejeté mon droit à la tristesse. Je manquais de dignité. Je m'apitoyais.
Lui, qui m'accuse de ne pas "aimer les gens", se détourne de ceux qui ont mal. Ces personnes-là "ne l'intéressent pas". Lui,
ne se demande jamais quelles sont les émotions, les questions, les états d'âme, de celle qu'il dit aimer. Lui, ne voit pas, ne sent pas, quand elle pleure. Lui, ne compte sur personne, et
en déduit donc qu'on ne doit pas compter sur lui. Il m'ignore, il s'échappe. Fuite en avant, fuite dans le monde virtuel, fuite dans les artifices. Fuite.
Fuite en étant ailleurs. Rentrer toutjours un peu plus tard du boulot, doucement, tester. Prévenir de plus en plus tard, puis
arrêter de le faire. Laisser dans l'attente, les silences. Une façon de me dominer ? Consciente, ou pas ? Ou juste une façon de revendiquer sa liberté ? Il sort, je ne sais où, ni avec qui. Il ne dit rien, je ne demande pas, et je ne saurai jamais. J'attends. Je suis en situation
d'infériorité.
Je lui ai donc clairement dit qu'il ne me respectait pas, n'avait aucune considération pour moi ; il a trouvé que j'exagérais, et a saisi l'occasion pour dire "si je ne suis pas le
bienvenu ici, je repars". Prétexte encore pour s'échapper, ne pas s'investir ! Moi, j'étais la femme docile, qui avait préparé un bon repas (trop cuit). Pas le bienvenu ?! Est-il
stupide, ou aveugle ? Juste de mauvaise foi ? Il m'a mise en colère, et je sais que ces accrocs, mis bout à bout, usent mon amour de lui.
Il se lasse de moi, du quotidien, mais ne fait rien pour le changer. Il préfèrerait là encore l'escapade, vers la nouveauté,
toujours plus stimulante et tellement plus facile, qui éveillerait sa curiosité, ses désirs. La routine, la fatigue, usent notre couple. Je suis, ou plutôt j'étais, celle qui écrivait des
textos juste pour dire "je t'aime", envoyait des mails ou des photos. Celle qui faisait des cadeaux, sans occasion. Lui, il est celui qui n'ouvre pas lesdits présents, et laisse
trainer. Qui prétexte que la Saint Valentin est commerciale, alors qu'avec un peu d'imagination (et il en a quand il veut) il pourrait en faire une journée juste pour me rassurer, me dire
qu'il me regarde toujours, me trouve attirante et m'aime malgré tout. Essayer un brin d'originalité, me montrer que je le mérite. Me séduire, encore. Me faire comprendre que je ne suis
pas acquise.
Devoir conquérir est stimulant. À quoi bon me (re)conquérir ? Il a fait le tour de "moi".
Je suis disponible. Je ne me refuse jamais à lui (lui, si, par contre). Suis-je trop disponible ? Eveiller sa jalousie, une solution ? Non, il trouverait là le prétexte idéal
pour faire ce qui le travaille depuis toujours : séduire des femmes pour une soirée, voire quelques après-midis.
*
Sommes-nous devenus deux inconnus, qui nous connaissons trop pour vouloir se re découvrir, se
re séduire ? Il y a des jours où je m'éteins. Mon corps s'assèche ; la tête a envie, mais le corps ne suit plus. En ai-je trop fait ? Je me suis trop offerte.
Je suis peut-être allée plus loin que lui, au final, dans les fantasmes de notre couple. Etrange à dire, car j'ai joué le rôle de la soumise bien souvent. Mais... c'est finalement moi qui
ai pris l'initiative de tous ces accessoires, qui lui ai offert de quoi me menotter, me ligoter, me fouetter, me tenir en collier. C'est moi, la cire, les bougies... et la lingerie.
S'est-il senti dominé par mes envies, alors qu'il en a toujours été l'initiateur, au fond ? C'est grâce à lui si j'ai osé tout ça, que j'ai voulu partager. Grâce à la confiance en lui. En
nous. En a-t-il fait une sorte de devoir d'homme, pour satisfaire sa femelle ? N'arrive-t-il plus à y trouver son propre plaisir ?
Que signifie un couple, pour lui ? Que veut dire "aimer" ?
Ce n'est pas (ce n'est plus) profiter du temps avec l'autre. Ce n'est pas discuter. Ce n'est pas passer nos repas ensemble (nous n'avons pas le temps de parler. Il n'aime pas "perdre son
temps"). Ce n'est plus faire l'amour régulièrement, partager des moments forts. Ou ça l'est si rarement... que j'en viens à regretter l'époque où nous étions juste amants.
Il a peut-être envie, de vivre en couple. Je crois surtout que l'âge aidant, il se sent obligé, s'il veut un enfant, de
faire ce sacrifice de la vie à deux. Il va, il vient, à sa guise, il vit sa vie sexuelle en solitaire, si souvent. Je me tais, mais il se sent prisonnier. Mon existence même est une
entrave à sa liberté. Juste savoir qu'il devrait considérer ma présence, mes émotions, mes sensibilités. Il n'est
peut-être pas capable de vivre à deux (ou trois, voire quatre), même s'il le souhaite. Il ne connait plus les bases minimales d'un couple, étant trop célibataire dans son âme. Il fait des
efforts, difficiles pour lui, pour des choses qui devraient venir naturellement. Tout est contrainte, pour cet homme. Je suis devenue contrainte. Et ça m'attriste.
S'investir lui est donc difficile. Peut-être pour lui une façon de rester jeune, libre. Mais l'immaturité ne signifie pas jeunesse. Ne pas faire de projets,
ne pas trop s'engager, ne pas participer. Trouver d'autres centres d'intérêt, certes plus enrichissants personnellement. Dire à l'autre que ce qu'il fait, c'est pour lui (elle ; moi).
Je suis une femme. Je suis celle qui s'occupe de la plomberie, de l'électricité, à cause de son laisser-aller, dans un appartement qui part en morceaux. Je suis celle qui gère tout le
quotidien, et l'éducation d'une enfant. Seule. Je le fais "pour moi", selon lui, donc je n'ai à attendre aucune aide ou remerciement de sa part, vu qu'il s'en fiche. Facile, n'est-ce pas,
de se déresponsabiliser de tout ? Aucune reconnaissance, aucune gratitude.
*
Mais que penser d'un homme qui vous bouscule quand vous faites une fausse couche et n'est
aucunement un compagnon ? Ne prend pas de nouvelles quand vous passez des examens de santé ? (Une autre mammographie m'attend pour dans quinze jours.
J'essaie de ne pas y penser.) Que penser d'un homme qui refuse toute démonstration du sentiment amoureux, ou presque ? Prend-il ça pour un signe de faiblesse ? Qui ne saisit pas
les occasions de vous rappeler qu'il vous aime ? Veut toujours être ailleurs ? Ignore la vie du foyer ?
Que penser d'un homme qui vous laisse emménager chez lui, sans bouger le petit doigt ? Juste de la paresse, de la maladresse ?
Gérer le quotidien, et en parallèle bouger TOUS les meubles, seule. SEULE. Buffets, commodes, bibliothèque, clic-clac, bureau, tables... Même pas un peu de reconnaissance pour sa
tranquilité. Ingratitude, silence, ignorance. Je suis perplexe. Que se passe-t-il en lui ? Pense-t-il que je vais repartir ? Ce n'est que temporaire ? N'a-t-il pas réellement envie que
j'emménage "chez lui" ? Est-ce une obligation, là encore, pour avoir une vie de famille, selon lui ?
Que penser d'un homme qui a des comportements déroutants, déstabilisants, incompréhensibles?
En soirée, devant moi, il fait mine d'hésiter avant d'accepter de fumer. Il m'a certifié maintes fois qu'il ne ferait pas d'effort pour moi (ce que j'apprécierais, pourtant). Donc, à quoi
joue-t-il ? Pense-t-il sincèrement que je ne sais pas, toutes les fois où il fume avant d'arriver à la maison, ou en cachette avant de se coucher ? Ou cherche-t-il sournoisement à me
discréditer auprès de ses amis, en me faisant passer pour la femme castratrice ? J'ai bien peur que la réponse soit là. Même comportement quand il sort, ses amis ont l'air de penser (à
cause de lui) que je suis une chieuse, alors que je n'impose rien, et j'attends bien sagement à la maison (ce qui déplait à monsieur, aussi, ça donne une mauvaise image de lui).
Je le brime, parce que j'attends un peu de considération et de respect ? (me prévenir quand il sait qu'il ne sera pas là. Me retrouver seule d'un coup, alors que cinq minutes avant je
pensais faire un repas en amoureux, est assez pénible et frustrant, surtout quand lui savait très bien qu'il sortait, mais n'a pas daigné me dire.)
Mais même ça, je m'habitue. Par contre, je me détache, aussi.
*
Je perds toute confiance, toute sérénité. Je n'arrive plus à me projeter avec lui, toute une
vie. Pourtant, j'aimerais. Je me sens seule. Je vis seule, mais sans les avantages du célibat. Par ses silences, mon homme ne me rassure en rien, ne montre aucun signe d'intérêt ou de
bonheur à mes côtés.
Je fais face à la violence de ses mutismes, à l'agressivité de son ignorance, et j'ai l'impression qu'il n'est même pas heureux.
Maladresses, sournoiseries, lâcheté ou désamour, je ne sais pas... ou un peu de tout ça.
J'ignore, si je dois espérer.
J'ai bien du mal à comprendre l'homme...
* * *
Pour en revenir au début, j'aimerais que mon blog ne soit pas que questionnements sur l'existence d'un couple, le désir,
l'amour... J'aimerais qu'il soit plus léger. Je m'y efforce, mais parfois, j'ai envie d'abandonner la partie.
Pourtant, je suis toujours là, même dans les silences.
J'ai conscience que mes écrits prennent des directions assez radicalement opposées, mais après tout, ça me correspond. C'est
la vie, avec ses hauts, ses bas, ses contradictions.
J'ai peur, aussi, à la longue, de vous lasser. Mais ces mots vous expliqueront peut-être un peu pourquoi je n'ai pas le coeur à écrire de l'érotisme, quand toutes ces questions sont là,
bien ancrées en moi, silencieuses, lourdes et effrayantes.
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Notes (in)connues